Confessions d’une Supermum
Ceci n’est pas un simple article, ceci est une confession d’une vraie supermum et toute ressemblance avec des personnages réels n’est pas fortuite.
L’autisme c’est quoi ?
C’est le mot qui s’est invité dans notre vie il y a un peu plus de 3 ans.
La définition de l’autisme pour moi, c’est la capacité de voir le monde autrement, et de ce fait d’avoir du mal à s’intégrer à la vision commune de notre société.
L’autisme d’un point de vue scientifique et l’absence de spécialisation des connexions neuronales. Pour l’expliquer plus simplement la comparaison que je préfère c’est d’imaginer le cerveau d’une personne autiste comme celle d’une carte routière où aucune autoroute n’a été construite, seules les routes de campagne sont disponibles. La pensée se perd dans ce réseau routier mais permet parfois d’explorer de nouvelles régions vierges.
Peux-tu nous présenter Louis ?
Louis est mon petit miracle, quand j’avais 22 ans j’ai subi une opération, le chirurgien m’a dit que je n’avais quasiment aucune chance de tomber enceinte naturellement. Et voilà Louis est arrivé avec 6 jours de retard sur la date prévu un Samedi de Janvier 2010.
Il a fêté ses 5 ans, il va à l’école à Marrakech en 2ème année de maternelle, c’est un petit garçon très attachant enfin je dis « petit” mais en fait il mesure 15 cm de plus que la moyenne des enfants de cet âge-là.
Il est enfant unique. C’est un vrai rayon de soleil, il sourit la majorité du temps, il fait le pitre, il adore faire des blagues à son entourage. Un vrai petit clown qui aime les autres et sait parfaitement se faire aimer en retour.
Comment en es-tu venu à déceler l’autisme de Louis ?
Quand Louis avait 6 mois j’ai senti que quelque chose ne se déroulait pas comme prévu.
Je faisais partie d’un groupe d’une trentaine de maman sur un forum de discussion. Tous nos enfants sont nés sur la même période.
Louis était toujours le dernier … pour se retourner, pour s’asseoir, pour marcher.
J’ai alerté mon généraliste qui vers 18 mois m’a prise au sérieux.
Aujourd’hui nous sommes toujours une quinzaine de maman à échanger dans ce groupe
De plus la notice livrée avec Louis (son carnet de santé) expliquait avec précision les étapes normales du développement chez l’enfant, Louis ne suivait pas ses étapes ou alors avec un énorme décalage il a marchait à 2 ans seulement.
Quelle a été ta réaction lorsque tu as réalisé que ton fils était autiste ?
Et bien à force d’insister auprès de mon médecin, il a effectué une évaluation et pour la première fois j’ai entendu ce mot : « Sabine je pense que Louis est AUTISTE mais il faut vérifier autrement »
Sur le moment je n’ai eu aucune réaction, mais en rentrant à la maison j’ai fait un black out pendant toute la soirée, ma maman a pris le relais auprès de Louis, le temps que j’intègre la nouvelle. J’ai alors passé la nuit à le regarder dormir.
Je crois que mon cerveau a pris conscience qu’à partir de ce moment notre vie aller prendre un tournant décisif.
Le lendemain matin, j’étais prête ! Prête à passer à l’action, je n’allais pas laisser une pathologie gâcher la vie de mon fils.
Je me suis dit : Ok on a un problème il y a une solution, je passe à l’action.
J’ai donc pris tous les rendez-vous médicaux possibles pour poser un diagnostic et avoir un plan de bataille contre notre ennemi de l’intérieur : l’autisme
Louis a été vu par un neuropédiatre qui a confirmé après plusieurs examens le verdict TED (troubles envahissant du développement). Ma réaction l’a choqué je l’ai bien vu: « Et donc quel plan d’action on met en place Doc ? »
Je suis toujours dans l’action. Je sais que pris tôt Louis peut progresser vite, je n’ai pas de temps à perdre.
Et là où il voudra aller je le pousserais aussi loin que je le pourrais.
Qu’est-ce qui est le plus dur pour toi en tant que maman ?
ah c’est une vaste question, car honnêtement je crois que je suis tellement dans l’action, que j’ai du mal à m’écouter et à me dire là c’est trop dur !
En fait en y réfléchissant de plus près, je dirais que le plus dur c’est l’inconnu, 3 ans après le premier diagnostic, je n’en sais pas plus, est-ce que c’est une maladie génétique, est-ce que c’est juste un blocage … je crois que le plus dur c’est de ne pas savoir comment cela va évoluer dans le temps.
Au quotidien il y a aussi l’absence parfois totale de vie sociale. Et j’avoue que sortir dans des lieux inconnus pour Louis est problématique.
Et le plus gratifiant?
Chaque petit progrès que Louis fait, est une énorme victoire pour nous. La première fois qu’il a marché, la première fois qu’il a parlé.
Dès qu’il arrive seul à faire un geste du quotidien, je vois dans son regard la fierté, et là je sais que ce que j’entreprends n’est pas vain.
C’est ma plus belle récompense : mon fils gagne petit à petit en autonomie
Comment est-ce que tu entrevois l’avenir ?
Avec beaucoup d’angoisses, je continue parfois à rester des nuits éveillées à le regarder dormir en me demandant si plus tard il aura conscience des petits détails qui constitue le bonheur.
Est-ce qu’il appréciera un rayon de soleil sur son visage, est-ce qu’il aura les picotements que provoque l’amour la première fois ? Est-ce qu’il pourra conduire et gouter à la liberté de pouvoir aller où il veut ? etc …
En tous cas une chose est sure, tant que je serais là je l’encouragerais à se comporter comme un petit gars « normal ». Notre société ne s’adaptera pas à Louis, c’est à Louis de s’adapter.
Des fois j’ai l’impression que Louis est dans son monde et que je suis la compagnie aérienne qui lui propose de rejoindre le notre, et la commerciale pour qu’il décide de s’y installer définitivement…. parfois il a le mal du pays.
Qu’est ce qu’une maman d’un enfant autiste a de plus que les autres ?
De la patience puissance 10000 et surtout un excellent sens de la répartie.
Pour le reste comme toutes les mamans, beaucoup d’amour
Comment les gens réagissent face à l’autisme de Louis ?
En général les gens posent des questions, notamment quand ils voient un grand garçon de 5 ans qui en parait facilement 7, porter encore des couches par moment, ou avoir un biberon dans la bouche.
La majorité des gens sont compréhensifs et vont vers louis.
Malheureusement c’est la minorité restante qu’il est dur d’affronter pour nous.
Je suis habituée aux réflexions des passants, « ha il a encore des couches ? », « mais il est trop grand pour être en poussette », « tu es trop grand pour que ta maman te porte ! », ou bien de la part des voisines de banc au jardin public quand nous sommes en France.
Notamment une fois une maman m’a demandé « C’est votre enfant ? » j’ai répondu avec une bouffée de fierté que “Oui c’est le mien”.
Elle m’a alors prise de court en me disant « Il ne serait pas gravement en retard ? »
Je me suis alors justifiée en expliquant son parcours … ce n’est qu’une heure après en y réfléchissant que j’ai vraiment pris conscience de la violence de ces paroles. Gravement …. en retard …
J’ai même fait réalisé un T-shirt sur lequel est marqué recto-verso « Non je ne suis pas mal élevé, je suis autiste » surtout pour l’aéroport, où je dois l’avouer quand l’avion à 3h de retard c’est très compliqué pour Louis d’attendre.
Nous sommes aussi parfois confrontés à l’ignorance des gens, il y a 2 semaines une maman d’un copain de Louis a demandé le renvoi de mon fils car elle a découvert qu’il est autiste.
Le regard des gens est parfois dur surtout quand ces personnes ne connaissent pas l’autisme. Il faut plus d’information et de prise en charge. Dans ce domaine la France et le Maroc ont au moins 20 ans de retard sur les Etats Unis.
J’en profite pour vous lancer un appel, le 2 avril c’est la journée mondiale de l’autisme « Tous en bleu » couleur de l’autisme. Alors n’hésitez pas à vous renseigner et surtout habillez-vous en bleu